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UNE OEUVRE CHORALE


Sommaire

La pluralité du soi

Un contre-courant

Le sens conceptuel

Un atlas d'insondables

Ce qui reste hors de portée


Ici, la forme, c'est le fond

Je me suis forcé à me contredire

pour éviter de me conformer à mon propre goût.

Marcel Duchamp


1 / La pluralité du soi



Mais enfin, "ça" ne te ressemble pas !

Tout le monde a entendu cette sentence absurde un jour où l'autre.

 

Que faire de ce "ça", de ce qui ne serait pas simplement acceptable, hors de cadres convenus, d'idées reçues ?


Personne ne s'étonne de ne pas parler de la même manière, sur même registre, avec un enfant de 5 ans, un adulte de 40 ou à propos d'un film dans un dialogue intérieur à la sortie d'un cinéma. Le contraire serait inquiétant.

 

De même, que faire de nos désirs pluriels, d'autre chose, d'ailleurs, de différences, de divergences ?

 

A partir de 2008, avec ses rencontres avec Cy Twombly, Elisa Brune, Edouard Glissant et la lecture de Fernando Pessoa et Marcel Proust entre autres, Séroux a vu ses recherches prendre une extension conceptuelle considérable tout à la fois scientifique, artistique et littéraire.

 


Peindre, composer, écrire: me parcourir. 

Là est l'aventure d'être en vie.

Henri Michaux

 

La rencontre de collectionneurs dont le premier fut le belge René Withofs fin 1980 lui fit saisir l'excellence de ce pluralisme que nombre d'entre eux développent avec intelligence.

 

En miroir, les démarches répétitives de beaucoup d'artistes, fondées sur un désir de  reconnaissance fait peine à voir . Une ligne graphique, une technique, un processus, et voilà l'affaire ?

 

 

 


"JE" EN "NOUS"


Deux pièces de William Shakespeare citent la même évidence:

I am not what I am.

 

> Dans "Othello" (Acte 1, Scène 3) : Iago prononce cette phrase pour exprimer son hypocrisie et sa duplicité. Elle illustre la complexité de son personnage et la manière dont il cache une part importante de sa véritable personnalité.

> Dans "Twelfth Night" (Acte 2, Scène 4) : L'affirmation est prononcée par le personnage de Feste, le fou de la pièce en référence aux masques que les individus portent en toutes circonstances.


Qui dit "je" en nous ?

Cet essai de Claude Arnaud montre comment les grandes « fabriques » qui ont produit et sculpté les postures classiques des identités sociales depuis l'Antiquité - la religion, la patrie, le milieu, le genre sexuel - ont très largement et heureusement perdu de leur savoir-faire ; l'identité ne s'hérite plus. Désormais elle s'acquiert pour qui veut goûter à son libre arbitre. Aujourd'hui, nos "scénarios de vie", plus ouverts et variés que par le passé enrichissent profondément nos potentialités.

Les œuvres présentées ici en sont le témoignage et le reflet.


2 / UN CONTRE-COURANT



LE POINT DE VUE DU PSYCHIATRE ERIC BERNSTEIN

Vers les années 1960, Eric Berne fonde l'analyse transactionnelle. Il étudie la personnalité en identifiant trois États du Moi distinct : le Moi Parent, le Moi Adulte et le Moi Enfant. Chaque État jouit de ses propres pensées, sentiments, comportements caractéristiques. L'Analyse des interactions entre ces trois États permet de comprendre les subtilités cognitives de la dynamique personnelle et interpersonnelle.


Les relations verbales et non verbales entre ces États du Moi enrichissent en permanence nos rapports au monde, aux autres et à soi.

 

Eric Berne a également développé la notion de "jeux psychologiques" qui se produisent lorsque des individus plus ou moins psychorigides cultivent des schémas comportementaux répétitifs basés sur des croyances, des scénarios normatifs inconscients très souvent destructeurs.



UN CONTRE-COURANT ARTISTIQUE

On retrouve ces schémas répétitifs partout dans l'histoire de l'art. Beaucoup d'artistes en quête de visibilité mettent au point un code visuel, une technique, un processus qu'ils répètent et déclinent à l'infini.

 

Satisfaire la critique, le marché, la reconnaissance sociale, tout est bon pour exister sous couvert d'un Storytelling d'obsessionnel. Peu de gens et peu d'artistes échappe totalement à l'emprise de leur époque, qu'ils s'y insèrent en profitant de l'air du temps, ou qu'il y résistent. Mais ceux qui comptent sont hors cadre. Ailleurs que dans le coup. Jamais d'une école.


L'OEIL LUCIDE D'UN ANTHROPOLOGUE

Dans son Anthropologie structurale, Claude Lévi-Strauss commente l'œuvre de Picasso :

 

"Il a très bien traduit l'esprit profond de son époque, et si j'avais une réserve à faire, ce serait qu'il l'a trop bien traduit et que son œuvre constitue un témoignage parmi d'autres, de cet espèce d'emprisonnement que l'homme s'inflige chaque jour davantage au sein de sa propre humanité ; enfin, que Picasso ait contribué à resserrer cette espèce de monde clos où l'homme, en tête à tête avec ses oeuvres, s'imagine qu'il se suffit à lui-même. Une sorte de prison idéale. Et plutôt morne."


UNE TENTATIVE D'EVASION

En 1936, Antonin Artaud, en pleine possession de ses moyens, donne trois conférences à l'université de Mexico. Il s'était embarqué pour des outremers dans l'espoir d'y trouver des sources d'une connaissance qui pourrait démentir une sorte de décrépitude qu'il perçoit dans sa culture initiale. Il estime qu'elle se stérilise en Europe, se fonde sur de fausses idées de la vie. Il aspire à tisser de multiples liens entre d'une part des hommes différents dans toute leurs diversités et l'univers d'autre part dont on commence à mesurer l'extrême foisonnement formel. Il cherche notamment à étendre la notion de réalité(s) en la dégageant de considérations utilitaristes.  


Deux précédents réussis


GERHARD RICHTER

« J’ai une santé moyenne, une taille moyenne (1,72 m), je suis moyennement beau. Si j'évoque ceci, c’est parce qu’il faut avoir ces qualités pour pouvoir peindre de bons tableaux. » 

Gerhard Richter / Texte de 1966

 

Né à Dresde en 1932, ce peintre allemand polymorphe, monument de l'art contemporain, aborde tantôt des sujets figuratifs, tantôt des œuvres abstraites. Voici trois clés de lecture de son œuvre : 

 

Le pluralisme esthétique. 

Richter explore une grande variété de styles et de techniques artistiques tout au long de sa carrière. Il passe par exemple alternativement de la peinture abstraite à la peinture figurative. 

La réflexion sur la perception :

Il remet en question la façon dont nous voyons et interprétons le monde qui nous entoure en créant des œuvres qui semblent à la fois réalistes et floues, abstraites et concrètes. Cette exploration de la perception visuelle rappelle les préoccupations philosophiques liées à la manière dont nous construisons notre réalité à travers nos sens.

 

Dialectique entre le hasard et le contrôle :

Richter utilise aussi des techniques de hasard, telles que le raclage de la peinture ou le floutage de l'image. Cette dialectique entre le hasard et le contrôle peut être interprétée comme une réflexion sur la tension entre la spontanéité et la planification.



STANLEY KUBRICK

Au cinéma, Stanley Kubrick fait partie des cinéastes hors normes entre autre pour la grande diversité des genres de films qu'il a tourné tout au long de sa vie. 

 

Expérimentation formelle 

Kubrick repoussait les limites de la narration. Il a expérimenté avec des techniques de réalisation novatrices, notamment la composition visuelle, le montage, la photographie et l'utilisation de la musique pour créer des expériences visuelles uniques.

 

Diversité des genres 

Il a réalisé des films dans une variété de genres, allant de la science-fiction ("2001: l'Odyssée de l'espace" et "Orange mécanique") au film de guerre ("Full Metal Jacket"), en passant par le film noir ("Lolita") et le drame psychologique ("Shining"). Sa capacité à s'immerger dans différents genres est un exemple éloquent de son pluralisme formel.

Adaptabilité

Il était réputé pour son sens de l'adaptation aux besoins de chaque projet. Il prenait le temps nécessaire pour se familiariser avec le matériau source (livres, nouvelles, etc.) et trouvait des moyens créatifs pour adapter ces histoires sur grand écran.

 

Utilisation de l'image

Sa maîtrise des images est un élément central de sa pluralité de formes.

 

Exploration de thèmes universels

Bien que Kubrick ait abordé un large éventail de sujets et de genres, il explorait fréquemment des thèmes universels : l'échec, la violence, la technologie, la folie et la condition humaine. Ces concepts transversaux se retrouvent dans de nombreuses œuvres, quelle que soit la forme spécifique qu'elles prennent.


3 / LE SENS CONCEPTUEL


Pour rappel

L’art est toujours conceptuel s'il s'agit d'autre chose que de la décoration qui elle est un artisanat. 

 

La citation de Léonard de Vinci est clair : 

« La pittura è cosa mentale »,

la peinture est une chose de l’esprit.


Ne pas confondre sujet objet

- Le sujet : Quelque soit la technique utilisée, le sujet abordé n'est jamais que le support - prétexte pour l'essentiel: le style, la forme, l'innovation.

- L'objet : Les œuvres qui comptent ouvrent à quelque chose de "sans précédent", qui changera notre monde et la vision que nous avons de ce monde.


Ainsi, la plupart des œuvres abordent un sujet qui n'est jamais l'objet final de la recherche. Tout au plus est-il un prétexte pour une aventure conceptuelle et le plaisir d'y débusquer des impensés.

 

La peinture au sens large est le support de recherches, enfuie dans de la couleur, et qui pointe le bout de son nez.


UN EXEMPLE


Ces 4 encres ci-dessus ont pour sujet l'orgasme féminin cadré sur des visages le temps d'une fraction de seconde.

L'objet est ailleurs.

Il s'agit d'étudier ce qu'on appelle en science cognitive une "réduction d'ambiguïté" c'est-à-dire la façon dont ces encres vont être interprétées par le regardeur.

 

Comment notre regard nous raconte

Un doute peut surgir : plaisir ou douleur? 

- Pour certains, l'évocation du plaisir est évidente, et jubilatoire.

- Pour d'autres, la souffrance saute aux yeux provoquant la répulsion.

La réduction d'ambiguïté

En science cognitive, ce phénomène fait référence au processus par lequel les individus cherchent à éliminer ou à minimiser l'incertitude et la confusion dans la compréhension des informations ou des stimuli, en utilisant des indices, des contextes ou des signaux pour parvenir à une interprétation plus claire et précise. Cela permet de donner un sens aux informations reçues, en simplifiant les informations complexes pour faciliter une prise de décision et la compréhension.

 

Biais cognitifs

Le doute sur l'interprétation peut induire des tendances à percevoir les choses de manière sélective, à partir d'émotions, de croyances absurdes.

Les biais cognitifs peuvent entraîner des décisions irrationnelles, inexactes, conduire à des jugements incorrects en favorisant certaines informations au détriment d'autres. Ils peuvent influencer nos comportements de manière négative, nous faisant réagir de manière excessive ou insuffisante. Ils contribuent à la persistance des stéréotypes et des préjugés, empêchent l'apprentissage de nouvelles informations ou la correction de croyances erronées. Ils entraînent des malentendus et des problèmes de communication. 

 

Le travail à partir d'images d'orgasmes féminins invite à réfléchir la manière dont les uns et les autres perçoivent les choses lorsqu'elles ne sont pas univoques.


4 / UN ATLAS DE L'INSONDABLE


‎27 ‎janvier ‎2014 - Détroit de Magellan


Portrait d'une géographie intérieure

Séroux est un promeneur discret, un cycliste jovial, excentré partout, un Phileas Fogg doublé d'un Passe-partout.

 

Il parcourt l'Europe lentement de l'ile d'Ikaria en Grèce où il y étudie la question du concept de la chute d'Icare à l'ile de Léros, non loin, pour l'histoire de l'enfermement et du système psychiatrique.  Les camps de migrants de l'ile.

 

L'île de La Palma en éruption ou celle de La Réunion l'intéresse, aussi bien que les villes de Berlin Madrid et bien d'autres.

 

On l'a aperçu travaillant un temps en Argentine tout au long de la nationale 40 du sud au nord, ou au Chili sur les traces de Pablo Neruda à Valparaiso.

 

Il retourne en Polynésie, aux Marquises, ou en Californie à la rencontre des œuvres de Frank Gehry , en Chine à Shanghai, au Japon à Kyoto, en Australie de Perth à la Tasmanie en passant par Sydney et l'outback.

 

On l'a vu aux iles Moluques, dans l'archipel du Svalbard. Il est ailleurs surtout.

On peut définir l'évasion comme la tentative de quitter un monde limité vers la possibilité d'une autre monde, plus vaste voire illimité. L'ailleurs devient un espace plus libre, plus ouvert, atteignable, où l'on pourrait ne plus être limité dans son Etre.

 

Perken, un personnage qu'André Malraux a mis en scène dans La voie royale dit ceci:

"Toutes ces saletés d'insectes vont vers notre photophore, soumis à la lumière. Ces termites vivent dans leur termitière, soumis à leur termitière. Je ne veux pas être un soumis."

 

 

 

Sortir de la condition commune, c'est choisir le risque de la déperdition sociale, voir de la disparition. Pour les artistes aussi. Nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui, ne jouant pas le jeu des institutions culturelles, se sont retrouvé aventuriers et aventurières de leurs propres recherches formelles. 

 

suite page 83

Pour un travail sur la French Theory, on l'a vu suivre La Tranche par la Côte, en France, aller à Angoisse, Paradis, Juif, La Rencontre, ...

 

Partout il peindra, dessinera ou photographiera toutes sortes de formes de vides, de distances, d'incompréhensions sous différents noms, indifférent au climat du moment.

la suite dans les carnets de voyage

 

Voyage autour du monde et voyage intérieur se conjuguent. 

 


5 / CE QUI EST HORS DE PORTÉE


Les mathématiciens Grecs de l’Antiquité désiraient que tout fut rationnels à commencer par les nombres, expression de l’harmonie. Or quid du nombre Py par exemple, aux décimales infinies ? Il existe donc de l’incommensurable dans le monde des nombres comme partout. Ces nombres « irrationnels » peuvent être approchés par des nombres rationnels, sans jamais coïncider avec l’un d’entre eux. Insaisissable, infiniment.

 

Un horizon peut reculer. Mais il reste indépassable.


Question de Victor Segalen : 

"Augmenter notre faculté de percevoir le Divers, est-ce rétrécir notre personnalité ou l'enrichir ? Est-ce lui voler quelque chose ou la rendre plus nombreuse ? Nul doute : c'est l'enrichir abondamment de tout l'univers. "

 

 

On ne connaît, on ne comprend 

que ce qu’on peut en quelque mesure réinventer.

Henri Bergson - La pensée et le mouvant


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